« Je suis déçu de la RTI »
Spy Row fait partie de la nouvelle vague de chanteur reggae sur qui la Côte d’Ivoire peut compter. Avec son premier album, « Jah mo », le Faya man a réussi à se faire un nom. Mais les choses n’ont pas été aussi simple qu’on pourrait le penser. Surtout avec les Radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI). Explication avec le chanteur.
Tu as été l’un des artisans de la venue de U-Roy en Côte d’Ivoire. Comment cela a pu être possible ?
(Il éclate de rire) On avait voulu garder cela secret, mais bon… On peut quand même dévoilé juste un peu. J’ai un ami, Franck William, avec qui j’ai eu l’idée de monter une boîte de com’ (entreprise de communication, Ndlr), qui pourrait également se lancer dans l’événementiel. Puis on a réfléchi. Et nous nous sommes dit ceci : Si Steel pulse, I Jah Man et Culture sont arrivés en Côte d’Ivoire, pourquoi ne pas décrocher un autre. Un monument du reggae à qui on voue du respect. C’est comme ça que nous avons porté notre choix sur U-Roy. Quelqu’un sur qui il plane beaucoup de mystère en Côte d’Ivoire. Les jeunes qui l’ont connu à l’époque sont aujourd’hui de cadres. Nous avons donc mis sur pied notre structure. Et à partir de nos connexions sur Paris, nous avons pu mettre la main sur son tourneur. Nous lui avons transmis notre planning qu’il a apprécié. Voilà comment nous avons pu décrocher U-Roy. Sans aucune expérience, nous avons réussi en deux mois à mobiliser les gens autour de cet événement. Et nous avons réussi à battre le record de Steel pulse, I Jah Man, Culture et Tiken Jah au Palais de la Culture.
Il vous a fallu certainement des arguments pour le persuader de venir ici. Comment avez-vous pu le convaincre, quand on sait que la destination Côte d’Ivoire n’est pas trop prisée aujourd’hui ?
Je pense que nous n’avons pas eu besoin de trop d’arguments pour le convaincre. Bien au contraire, il nous a révélé qu’à chaque fois qu’il s’est agit pour lui de venir en Côte d’Ivoire, il a toujours estimé qu’il n’était pas prêt. Mais cette fois-ci, dès qu’on lui annoncé qu’il était sollicité en Côte d’Ivoire, il n’a pas hésité. Je pense qu’il connait les potentialités de la Côte d’Ivoire en matière de Reggae. Il a d’ailleurs collaboré avec Tiken Jah, il connait Alpha Blondy. Cela a peut-être favorisé sa venue chez nous.
On annonce d’autres grosses pointures du reggae en Côte d’Ivoire les mois à venir. Qui sera donc le prochain ?
C’est vrai qu’on a envi de faire venir tout le monde. Mais dans le fond, nous faisons du business. Nous sommes donc en train de réfléchir pour faire venir un autre monument. Et le gros morceau que nous voulons avoir est Burnig Spear. Mais ce qui est déplorable, c’est que les sponsors ne voient pas l’impact de ces monuments là. Nous ne comprenons pas qu’en Côte d’Ivoire, troisième capitale du reggae, les annonceurs s’intéressent peu aux événements reggae. Il faut qu’ils viennent.
Les contacts ont été déjà établis avec Burning Spear ?
Oui ! Le tourneur de U-Roy a de très bonnes relations, avec Burning avec qu’il tourne souvent. Donc, le problème ne se pose pas vraiment.
Quel est ton actualité ?
Bêh écoute ! Je suis toujours sur le terrain. J’essaie de faire ma promo de proximité. Parce que malheureusement, je n’ai pas l’opportunité de m’exprimer sur la seule chaîne de télé qu’on a. donc je valorise ma musique comme je peux.
Qu’est-ce qui fait que tu n’as pas l’opportunité de t’exprimer à la télé ?
Moi, je suis déçu de la RTI. C’est quand on se rend à l’intérieur du pays qu’on se rend compte de son rôle important, par rapport à la promotion des artistes. Parce que dans cette partie du pays, la RTI est le seul moyens dont disposent les populations pour s’informé sur les artistes par rapport à leur nouvelles créations. Voilà deux ans que mon album est sur le marché. Figure-toi que je n’ai pas fait une seule émission télé. A part Marcellin Govoï qui m’a sollicité pour « Tempo vacances », l’année dernière. J’en profite pour lui faire un big up. J’ai fait toutes les démarches qu’il faut, mais jamais cela n’a abouti. C’est vraiment décevant quoi !
Quelles démarches ?
Je me suis rendu à RTI Music, puisque c’est le département qui gère la musique. Mon manager et moi, avons fait tout ce qu’il faut en vain. Finalement, j’ai décidé de laisser tomber. Et j’ai adopté une autre stratégie. Au finish, je n’ai pas eu besoin de la RTI pour me faire connaitre. Pendant deux à trois mois, mon clip est passé sur Trace TV. Je pense que c’est parce qu’ils ont apprécié la qualité du travail abattu. Je n’ai pas payé un seul centime. Il y avait 12 clips sur leur liste. Ils n’ont retenu que le mien et celui de DJ Lewis. Je voudrais dire quelque chose à la RTI. Des personnes comme Georges Kouakou, Manu Dibango et autres sont passés par l’orchestre de la RTI qui, à l’époque n’avait pas grand moyen. Aujourd’hui, on sait ce qu’ils représentent sur la scène mondiale. Et aujourd’hui où la RTI à du matos pour faire de bonnes émissions live, y a rien. Et tout est payant là-bas. Au lei que ce soient les artistes qui perçoivent des cachets quand ils sont invités, ce sont plutôt eux qui doivent payer pour se faire inviter. Ce n’est plus le talent qui est mis en avant, mais c’est plutôt le profit.
Tu parles seulement des artistes reggae ou de tout le monde ?
Ce n’est pas seulement le Reggae. Il y a Bella Nika qui s’est plaint une fois. Parce qu’elle dit avoir payé RTI Music sans avoir fait d’émissions publiques. Je pense qu’il y a beaucoup de choses à revoir au niveau de la RTI. Tiens-toi bien ! L’artiste ivoirien le plus connu au monde est Alpha Blondy. On est fier d’être la troisième capitale de Reggae. Or il n’existe aucune émission de reggae à la RTI. Mais « Panache », « Tempo » et « Samedi ça me dit » sont fait dans le même esprit. Dans toutes ces émissions c’est le play-back. A la fin, ça devient soulant. Même sur RTI Music c’est pareil. Un animateur reçoit un artiste et c’est diffusé plusieurs fois. Peu importe si les gens regardent. Que ce soit Mohamed Kanté, Guy-Serge, Christelle Kassy ou Eva, c’est la même chose. Ils reçoivent tous des artistes et ils s’entretiennent avec eux. A la RTI, l’audimat intéresse peu. Il faut épauler ces jeunes là pour que les choses avances dans le bon sens. Pour qu’on ait une vraie télé quoi !
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